17 oct. 2012

Connectez-vous avec la Déesse



A l’occasion du festival de Navaratri en Inde, je me suis motivée à écrire sur le Divin féminin (Shakti) pour passer en revue l’importance de la connexion avec ce pouvoir latent de l’énergie féminine qui dort en nous.

Tous les ans, pendant neuf nuits entre septembre et octobre les hindous célèbrent le festival de Navaratri, en hommage à Deva, dans ses multiples formes. Dans ce festival Dieu est donc adoré en tant que Mère.

Deva en sanscrit veut dire celui que brille. Les déités son exactement ça, des êtres de lumières qui existent dans les niveaux subtils de notre conscience, dans des royaumes plus importants que le physique.

Du point de vue spirituelle, ce festival a un sens très beau. Pendant les trois premiers jours du festival, Deva est adoré sous la forme de Durga, Shakti de Shiva, personnification de la force et du pouvoir suprêmes, capables de détruire toutes nos impuretés, vices et défauts. Les trois jours qui suivent sont dédiés à Lakshmi de Vishnu, personnification de la pureté et e de la prospérité. Une fois les qualités nécessaires acquises, nous sommes prêts à atteindre la connaissance, but ultime de l’existence humaine. Les trois derniers jours Deva est alors adoré sous la forme de Sarasvatî, Shakti de Brahman, qui représente la connaissance de notre être véritable,  notre identité avec l’illimité et eternel Brahman.

Le dixième jour est appelé Vijaya Dashami, jour de la victoire, car il est dit que dans ce jour auspicieux Deva a finalement détruit le démon Bhandasura, personnification de l’ignorance.

Dans ces jours où nous sommes en permanence encouragés à développer des caractéristiques masculines telles que l’expansion, l’audace, l’ambition, la force, la vitesse, le la densité matériel, les valeurs féminins telles que la nutrition, l’introspection, la création, la lenteur et la subtilité spirituelles ont été oubliées, voire subjuguées.

Cette perte de liaison avec notre âme – ce point de rencontre entre l’esprit et le corps, qui est féminin – peut être la cause de cette vie en déséquilibre et d’anxiété qui touche la plupart de gens.

La vie moderne a transformé la Mère conscience, qui est fluide, créatrice de sagesse, dans quelque chose de statique, inflexible. Pour qu’il y ait un changement il faut désapprendre les mauvaises habitudes, filtrer les vibrations nuisibles et annuler ce sens d’isolement que l’on a créée dans nous et à l’extérieur de nous.

En travaillant l’auto questionnement, dans le sens d’acquérir la connaissance nécessaire des Karmas (actions) uniques qui modèlent chacune de nos vies et on étant attentifs à nos conditionnements et aux conditions autour de nous,  on peut récupérer une mémoire significative de compassion, gentillesse, pardon et amour, qualités de notre Shakti Intérieure.

Le pouvoir de Shakti se trouve dans nous et pas à l’extérieur de nous. Les représentations des différentes déités sont en réalité les différentes énergies manifestées de Shakti, ou les différents aspects de cette énergie si puissante. En termes psychologiques, les déités de la tradition indienne sont des archétypes et l’on peut le comparer aux différents rôles qu’on a chacune dans notre vie quotidienne, que ce soit le rôle de femme, de mère, de professionnel, d’enfant.

L’histoire du féminin divin a été historiquement cachée par les sociétés orientales et occidentales, tout comme la force des femmes a été subordonnée au masculin pendant longtemps.

Contrairement aux traditions occidentales, qui considèrent le féminin passif et réceptif, la tradition tantrique voit dans le féminin divin (Shakti) créativité et force de l’Absolu, inséparable du divin.

Jung, le psychanalyste qui a révélé au monde occidentale les mythes de différentes traditions, a considéré les archétypes comme l’expression d’une image originelle qui existe dans l’inconscient. Pour lui, les archétypes représentent cette nécessité à appréhender la vie d’une manière conditionnée par l’histoire passée de l’humanité. Des formes de représentation à priori innées, qui contraignent la perception et l’intuition à des formes spécifiquement humaines.  Vécus à la fois comme des émotions et des images et ayant un effet remarquable notamment dans les situations humaines typiques telles que la naissance et la mort, la notion d’archétypes n’est pas facile à saisir par notre pensée, car, selon Jung, elle ne les a pas inventés.

Néanmoins, selon Jung, nous possédons tous des potentialités à accomplir, dans notre psyché, sous la forme des archétypes féminins et masculins. Nous portons en nous « symboliquement » l’autre sexe, nommé par Jung, Anima pour l’homme et Animus pour la femme.

L’Animus est la composante masculine inconsciente de la femme, cette partie en nous caractérisée par le courage, l’affirmation, l’intelligence rationnelle et analytique. Alors que l’Anima, la composante féminine chez l’homme, c’est cette partie tournée vers l’intérieur et la réceptivité, caractérisée par des qualités comme la sensibilité, les émotions, l’intuition, la douceur.

Dans le langage du yoga, les déités principales de la tradition indienne sont littéralement aspects ou facettes de la réalité divine. La tradition indienne adore la réalité comme un Tout, dans lequel le divin n’est pas seulement transcendant et sans forme, mais manifesté en couches dans la structure cellulaire du monde et capable de prendre des formes personnifiés. Ses représentations contiennent la force total de l’Absolu e quand l’on les contemple, elles versent une certaine qualité de lumière dans notre conscience.

Deva dans sa forme Saravasti, représente l’eau en nous et nous aide à créer le neuf. Dans sa forme Lakshimi, elle représente le mouvement, éveillant en nous le sens de la beauté, du bonheur et de l’abondance. Dans sa forme Durga, elle représente le feu en nous et nous offre les instruments pour la transformation intérieure.

Toutes le traditions reconnaissent que pour qu’on avance dans notre chemin spirituel (Sadhana), ce pouvoir féminin doit être évoqué et accédé. Pour que ce pouvoir ce manifeste, il y a un élément fondamental, qui est Bhakti, la dévotion et l’amour total à la Déesse.

D’un point de vu pratique, quand on contemple et adore les déités, en focalisant sur ses énergies, elles agissent dans la transformation au niveau subtil, ou il est vraiment possible à faire de changements. Elles nous permettent de dépasser notre propre ego, cette partie de nous qui s’identifie aux limitations et aux impositions culturelles, nous approchant de plus en plus de notre Moi véritable. Depuis le moyen âge, le yoga tantrique indien et tibétain méditent sur les archétypes divins pour évoquer les pouvoirs transformateurs de notre propre conscience.

Les Vedas offre des nombreuses pratiques pour inviter, focaliser et diriger ces énergies curatrices profondes pour qu’elles se manifestent. Parmi ces pratiques, il y a les mantras (sons sacrés), mudras (gestes de mains sacrés), yantras (mandalas et desseins d’énergie sacrés), dhyana (méditation), pratique de yoga rituel et prayogas (cérémonies sacrés).

Pour attirer le féminin, il faut aussi et surtout se permettre de ralentir. Bien que notre mental essaie souvent de nous convaincre que n’importe quelle autre chose est plus important que faire une pause – cela pouvant être gênant puisque ça nous donne du temps d'analyser nos habitudes -,  inviter le féminin divin requiert de l’écoute. Et plus on l’écoute, tout comme pour les femmes, plus le féminin s’exprime. Sa voix devient forte et claire. Et si vous l’ignorez, il parlera de plus en plus fort pour attirer votre attention.

Ecouter cette voix ne veut pas dire que votre vie sera plus facile, mais elle deviendra plus satisfaisante, approfondie et riche. Le féminin nous conduit à cet endroit où il y a pas de place pour les doutes, car il éveille nos sens e nous montre la réalité sacrée et sensorielle.

Dans mon expérience personnelle, la voix du féminin sacrée (Shakti) vient du cœur, avec la brise, le silence, la pause, la danse, la pratique du Yoga. Dans ces instants qui me procurent de l’équilibre et le développement d’une conscience plus en syntonie avec mon véritable être.

Si tout cela peut vous paraitre difficile à saisir, il y trois choses concrètes que vous pouvez faire tout de suite pour vous connecter avec le féminin divin :

-     Prenez un bain tiède, en vous massant ensuite avec de l’huile, en sentant chaque partie de vous pendant le contact ;
-     Remplissez votre foyer avec de la beauté. Achetez de fleurs, allumez une bougie en offrande à la Deésse ;
-     Fermez les yeux, respirez 3 fois profondément et dirigez la respiration vers le bas, dans votre bassin.

Namasté

par Gabriela Nanni

Illustration de Tina Lautert 

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